La vie de Valentin a été intense !
Tout petit Valentin est un enfant plein de vie, un hyper-actif comme on les appelle ;) S'il présente rapidement des troubles du comportement avec accès de colère, cela ne l'empêche pas de suivre une scolarité normale. Mais diagnostiqué TDAH (Trouble De l'Attention avec Hyperactivité) Valentin supporte peu la frustration. Sa colère le met en mouvement, mais le fait souffrir tout autant. C'est dans le sport qu'il essaiera de canaliser son énergie débordante. Toute sa vie il pratiquera la boxe, le judo, la capoeira, la course à pieds.
En 2007, alors que Valentin n'a que 6 ans, le décès de sa grand-mère paternelle, mamie Michèle, ne fait qu'accentuer cette boule de colère qu'il renferme. Elle dont il est si proche, son premier petit enfant, elle qui l'emmène à Paris pour visiter les musées, faire des tours de bateaux sur la Seine, son départ est injuste. A 6 ans rien ne devrait nous enlever notre insouciante. La mort ne fait pas partie de la vie d'un si jeune enfant. Pourtant Valentin y est confronté, cela il ne l'acceptera pas. Et c'est son corps qui en parlera le mieux. Un an après le décès de mamie Michèle, Valentin développe un diabète de type 1. Il multiplie les séjour à l'hôpital, son diabète fait le yoyo, s'il est sous insuline, ce petit garçon de 8 ans hyper-actif n'accepte pas cette contrainte. La maladie et le deuil impossible de sa grand-mère vont être de trop pour Valentin. Sa scolarité commence à devenir compliquée dès le CM1. Déscolarisé à 9 ans puis rescolarisé dans le privé, il enchaine les troubles du comportement, les établissements ne peuvent pas le garder. Malgré un appui de Manuel Valls, alors maire d'Evry et député de l'Essonne, pour placer Valentin en établissement spécialisé thérapeutique, éducatif et pédagogique, aucune structure ne peut l'accueillir. En 2011, il part en vacances avec l'Envol, association qui organise des programmes adaptés aux enfants malades et à leur famille. A nouveau son comportement n'est pas gérable par l'équipe encadrante, ni pour lui ni pour les autres jeunes. Valentin, d'abord suivi à l'hôpital Necker en pédopsychiatrie par le docteur Canoui, doit maintenant être hospitalisé en milieu fermé à la Pitié Salpétrière pendant 1 an pour troubles du comportement.
A sa sortie ses parents décident de l'emmener en vacances à Deauville. Valentin a 13 ans. Les contraintes liées au diabète l'insupportent. Il se laisse aller à une nourriture trop tentante, c'est la crise d'hypoglycémie. Valentin est emmené à l'hôpital de Lisieux dans un état grave, il est dans le coma. Après un séjour d'une semaine, il est enfin rapatrié à la maison.
Si le diabète est géré le comportement de Valentin fait toujours défaut. Il faut prendre des mesures éducatives. Suivi par le SAEMF ( Service d'Action Educative en Milieu Familial) puis au centre éducatif d'urgence à Brétigny-sur-Orge, Valentin est scolarisé au lycée Marguerite Audoux à Gien avec une AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) pour l'accompagner quotidiennement. Mais après une tentative de suicide par défenestration, l'Aide Sociale à l'Enfance demande son placement. Le tribunal d'Evry propose un placement judiciaire mais les parents de Valentin optent pour un placement en famille d'accueil pour raison médicale.
Cette décision est difficile. Mais Valentin rejoint sa première famille d'accueil à Carcassonne où il restera de 11 à 15 ans. Puis c'est à Montargis qu'il poursuit sa route dans sa seconde famille d'accueil jusqu'à ses 18 ans. Scolarisé, Valentin va de mieux en mieux. Il rend visite à ses parents une fois par semaine. Les relations sont plus apaisées. Durant son placement une petite soeur est née. Loryanne, de 13 ans sa cadette, apporte de la joie à la famille. Valentin joue avec sa petite soeur avec laquelle il tisse des liens forts.
Peu avant ses 18ans Valentin rentre à la maison. Il s'essaie à différents métiers, d'abord en faisant un stage dans la sécurité, puis en boulangerie, dans les espaces verts... Il aimerait être sapeur-pompier mais son diabète l'en empêche. Valentin est courageux, il veut travailler et prendre son indépendance, quoi de plus normal à 18 ans ? Un emploi de livreur de pizzas lui permet de prendre son premier logement qu'il quittera pour un autre à cause de bruit de voisinage. En parallèle, cet amoureux de musique lance son auto-entreprise dans l'événementiel. Si Valentin a quelques copines, il n'a pas la volonté de se stabiliser de ce côté-là, préférant pour l'instant profiter de la vie avec les amis.
Proche de ses parents, Valentin les visite chaque jour. Face à eux il peut exprimer sa colère face au diabète qui l'enferme toujours autant. Mais globalement on peut dire que tout va bien. Puis il décide de partir en vacances chez une amie à 300 km de son domicile à scooter. Malgré le danger que cela représente et l'inquiétude de ses parents, Valentin fait l'aller-retour sans problèmes.
Mais un soir de septembre, alors que Valentin est chez ses parents, sa chienne Lola perd la vie. A nouveau confronté à cette faucheuse injuste, Valentin décide de sortir. Il est malheureux. Il veut se changer les idées et prend son scooter, ce samedi soir 20 septembre 2020, pour se rendre en soirée avec des amis. Puis Valentin prend son deux roues pour se rendre à une autre soirée, où il n'arrivera jamais.
Le lendemain matin, dimanche 21 septembre 2020 à 9h, ce sont deux policiers du commissariat de la police nationale de Montargis qui frappent au portail de Julien et Sylvie les parents de Valentin. Ils leur disent d'appeler la gendarmerie de Chatillon-Colligny, sans leur donner les raisons. Monsieur Paris s'exécute et appelle la gendarmerie en question. Il doit s'y rendre et c'est dans leur bureau qu'ils annoncent la mort de Valentin à son père déjà sous le choc et la peur. Il ne parvient pas à intégrer cette réalité.
Valentin a été percuté par une voiture en pleine ligne droite, l'accident à eu lieu vers 4-5 heures du matin. Le conducteur de la Mercédes, qui l'a percuté par l'arrière, s'enfuit laissant sa voiture immobilisée par les airbags déployés et Valentin sans gestes de premiers secours. C'est un sapeur-pompier qui passait par là pour se rendre à la caserne, qui pratiquera ces gestes qui auraient pu le sauver s'il n'avait pas été trop tard.
Julien est sous le choc à l'annonce de cette réalité. La procédure impose qu'il soit pourtant auditionné, pendant environ une demi-heure pour donner des éléments sur lui, sur Valentin, le programme de la soirée dernière. Il doit maintenant l'annoncer à Sylvie. Ensemble ils se rendent sur les lieux de l'accident où ils voient les traces de l'accident. Ils doivent voir, même si ça fait mal. Malgré la douleur Julien pense à prendre des photos des pièces du scooter encore présentes et des traces de freinage, "pour mettre au dossier" dira-t-il plus tard.
En effet, les parents de Valentin portent plainte pour délit de fuite.
Le corps de Valentin est mis sous scellés pendant 5 jours environ. L'autopsie révèlera une jambe cassée et un traumatisme crânien avec hémorragie cérébrale. C'est une semaine qui semble une éternité pour ses parents qui ne peuvent pas le voir pendant ces longs jours. Après la levée des scellés par le procureur de Montargis, c'est en chambre funéraire qu'ils retrouvent leur fils. Il faut maintenant organiser ses obsèques. Valentin sera inhumé au cimetière de Montargis en présence de ses nombreux amis et des amis "gilets jaunes" de ses parents.
Place à la procédure judiciaire. Interpelés le matin de l'accident chez la mère du conducteur, les jeunes sont interpellés et emmenés à la gendarmerie pour être auditionnés. Le chauffard est jugé pour homicide involontaire, défaut de maîtrise de son véhicule, les analyses révèlent la présence d'alcool et de substances illicites.
Le procès à lieu en audience au tribunal pénal correctionnel, Julien et Sylvie sont là, mettant un visage sur les personnes qui ont ôté la vie à leur fils. Avant le procès, le chauffeur du véhicule a présenté ses excuses par courrier auprès des parents de Valentin. Il sera placé en détention immédiate provisoire en attente du jugement 1 mois après. Il sera condamné à 36 mois de prison avec 18 mois fermes et 18 mois de sursis. Il n'en fera que 8 pour bonne conduite. Cette peine est courte par rapport à la peine définitive des parents endeuillés.
Aujourd'hui en attente d'une date pour la cours d'appel, Julien et Sylvie doivent renvoyer la validation de la conclusion. S'ils ne sont pas d'accord leur avocate renverra le dossier en cours de cassation.
Il s'agit là d'une bataille judiciaire pour les parents, qui, en parallèle ont souhaité que l'affaire soit médiatisée sur les réseaux sociaux et dans la presse, uniquement pour rendre hommage à leur fils et pour sensibiliser le grand public aux accidents de la route.
Leur bataille porte le nom de "justice pour Valentin".
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