La période des fêtes est souvent un moment difficile quand on traverse un deuil.
On connaît l’effet que procure la fameuse « chaise vide ». Si au quotidien le vide est physiquement douloureux, lorsque les amis, la famille se réunissent avec joie, l’absence est encore plus exacerbée.
Alors pas beaucoup d’autres solutions que s’imposer la fête malgré la douleur ou bien l’éviter. C’est le risque non négligeable que tout endeuillé vit, celui de s’isoler. D’abord pour ne pas encombrer, puis pour peut-être moins voir l’absent. Mais bien sûr c’est un leurre. La souffrance sera là quoi que l’on choisisse.
Tout conseil serait mal venu tant on sait que le deuil est un chemin de solitude et que l’endeuillé doit vivre ses émotions en connexion à soi, en respect de son propre rythme. Si l’isolement n’est pas la solution, la compagnie peut être vécue comme un épreuve. L’entourage, bien intentionné, va adopter deux types de comportements. Soit il va faire comme si tout était normal et annuler la souffrance de son proche endeuillé, soit il va vouloir dire et souvent être maladroit.
Alors quel message de soutient peut-on apporter ? Nous avons deux oreilles et une seule bouche, la nature nous invite donc à écouter plus que parler.
Mais dans tous les cas juste demander à la personne endeuillée comment elle va. Ainsi, l’espace de paroles est offert. Au choix de la personne d’y aller ou pas. Mais le simple fait d’être reconnue dans sa souffrance l’aidera. Il ne faut pas avoir peur de « gâcher » la fête parce qu’on va évoquer la personne décédée. C’est au contraire lui laisser sa place, ne pas faire comme si elle n’avait pas existé.
Puis laisser le temps à la personne en deuil d’exprimer son ressenti, son vécu intérieur, pour mieux la comprendre, pour mieux l’écouter. Si la parole s’invite, ne pas s’étendre pour ne pas rajouter de la douleur à la douleur, privilégier les messages courts, éviter de se comparer en faisant référence à notre propre vécu de la mort d’une autre personne. Cette dernière ne sera jamais celle dont il est question ici et maintenant. Ne pas dire que tout ira bien, ou qu’il faut tourner la page, ou encore que ce bébé perdu laissera place à un autre un jour. Non, chaque défunt est unique parce que le lien avec lui n’a pas de pareil. Laisser monter les émotions en les accueillant. C’est normal de ressentir les sentiments et émotions qui se bousculent. Peut-être que la chose la plus importante à dire finalement c’est « je suis là si tu as besoin ».
Ainsi, la personne en deuil ne se sentira pas anormale, différente, stigmatisée. Au contraire elle se sentira intégrée et comprise.
La fête pourra se dérouler avec cette dimension sans pour autant être triste. La joie peut avoir sa place même sur le chemin du deuil. L’idée reçue à laquelle parfois les personnes en deuil s’accrochent est que rire ou être joyeux est un manque de loyauté ou de respect vis à vis du défunt. L’émotion joie est mise de côté aussi pour ne pas « choquer » l’entourage, comme si être en deuil imposait de pleurer à longueur de journée.
Faisons attention aux injonctions que nous envoyons à nos proches qui traversent un deuil. Ne les invitons pas à se relever vite ni à s’interdire de rire parce que « ça ne se fait pas ».
Enfin, lorsque nous traversons cette période de deuil, sachons qu’elle sera plus ou moins longue selon les personnes, le lien avec le défunt, son propre rapport à la mort et les circonstance du décès. Appliquons-nous ce baume apaisant en respectant notre rythme. Le Plus Petit Pas Possible aujourd’hui pour que demain me transforme. On ne fait pas son deuil, c’est lui qui nous fait.
Puissions-nous regarder la période des fêtes avec une vision plus humaine que mercantile, et nous pourrons savourer les liens existants ainsi que ceux qui nous unissent à celui qui n’est plus là où il était mais qui est partout là où nous sommes. Faisons de ces fêtes un moment de vie, avec nos morts, et que nos souvenirs nous réchauffent.
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