Dans des propos recueillis par Pascale Senk, Christian Bobin confit « Dans le banal, je vois des miracles ».
Une rencontre, une naissance, des retrouvailles, la couleur du ciel, des chemins qui se croisent… On peut encore s’émerveiller devant des choses qui nous semblent habituelles, auxquelles nous ne prêtons plus attention. La vie semble intouchable mais sa banalité est remise en question quand elle vacille. Dès lors, sorte de remise en question, notre carte du monde change. Ce qui semblait important l’est moins, ce qui paraissait secondaire reprend sa place d’essentiel.
Comment cristalliser ce qui est voué à s’évaporer ? Christian Bodin poursuit « Je me suis aperçu que les choses qui ne sont pas notées se perdent à jamais. L’écriture garde la trace de ce qui était fragile, éphémère et si vital. Elle permet de maintenir le vol même de la vie. »
Boris Cyrulnik ne le contredira pas, lui qu’on « a fait taire pendant très très longtemps » parce que les adultes ne comprenaient pas. Mais tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime. Un jour, l’écriture autorise à exprimer, elle réhabilite le droit de dire, pour vivre tout simplement. Et puis coucher les mots sur le papier rend réel, révèle, légitime, déculpabilise tout à coup.
Enfin, celui dont la vie à changé une nuit dans le désert, Eric-Emmanuel Schmitt définit le sens qu’il voit à la vie dans des propos recueillis par Violaine Gelly « ce sont des éclats de sens dans la nuit. Mais il faut savoir les voir. » Emerveillé par la magie du quotidien et de ce monde qui tourne, lui qui écrit comme on respire.
